La musique a trouvé une place essentielle dans la vie de Mathias Lévy à un moment où pour lui, tout a basculé. Alors que sa situation familiale se dégrade et qu’il décroche des études, elle devient son refuge. Il ne sait pas encore où il va, mais c’est elle qui va le guider.

Dans les concerts entre copains, la manche dans les rues, les voyages en camion avec les amis du quartier, il expérimente la musique comme une expérience quotidienne, dans sa réalité et son humanité. Ce sentiment collectif, cette soif de liberté, il les conservera précieusement telle une boussole, et ce n’est pas un hasard s’il emprunte à Jacques Prévert le titre de son sixième opus. Chant Song est en effet un album libre comme l’air, qui célèbre la musique en partage; chacun apportant aux agapes son éco. Tout trouve alors son sens, entre la pensée de celui qui invite, et la personnalité des convives.

Et ici, l’on prend le temps qu’il faut. Le temps de s’exprimer, le temps de développer ses idées, hors des formats, et c’est le cœur, le bonheur de célébrer qui toujours l’importent. L’écoute de Chant Song, évoque ainsi la manière dont la musique demeure en permanence reliée à la vie dans les débuts de la musique folk, du bluegrass, ou dans les cercles de samba au Brésil…

Il est peu surprenant que l’un des déclencheurs de cet album fut l‘écoute de «Canto», incontournable manifeste du chanteur- batteur- rimeur André Minvielle… Le même vent d’invention, d’intégrité, et de profondeur souffle sur le nouveau projet de Mathias Lévy. En mettant enfin des mots sur des notes, en troussant des écrins autour de la voix, il rend hommage aux émotions simples et presque naïves, pour offrir une musique qui nous conte des histoires et nous touche au cœur.

On imagine les musiciens disposés en cercle, tout près les uns des autres et tout proches de nous (magnifique mise en son de Matthieu Metzger), s’avançant parfois vers le centre puis retrouvant naturellement leur place au sein du groupe.

Si Mathias Lévy peut créer cet espace de liberté, c’est qu’il a su prendre le temps d’en dessiner le périmètre. C’est en effet un travail en profondeur qui a présidé à l’élaboration de Chant Song. C’est la précision dans l’énoncé des compositions et des arrangements et la pertinence du choix des textes qui permettent à la chanson de se mêler, avec tant de naturel, à l’élan vital et spontané du jazz et de l’improvisation.

Cet album est aussi une affaire d’affinités. Mathias Lévy avait en tête une formation acoustique, pouvant évoquer tant un groupe de musique de rue qu’un petit orchestre de chambre. Il avait ainsi besoin de compagnons, d’artistes, avec lesquels on partage avec la même joie la musique et les repas, les notes et les mots.

Autour du compositeur-metteur en scène et de la voix saisissante de Lou Tavano, se rassemblent donc des artistes accomplis et totalement impliqués ; Sébastien Giniaux (guitare et violoncelle), Jean-Philippe Viret (contrebasse) et Laurent Derache (accordéon), et tous chantent …

C’est dans une même compréhension d’un projet collectif et des codes chambristes (respect, nuance, respiration commune), qu’ils se retrouvent pour former un groupe dans lequel de fortes personnalités, tout en s’exprimant pleinement, en viennent à se confondre. Le propos dépasse ainsi la maîtrise instrumentale et l’expression individuelle, et c’est un tout fascinant qui se dévoile à nous, hautement supérieur à la somme de ses parties.

Il faut prendre le temps de connaître et d’apprivoiser ce disque-fleuve, généreux et singulier, qui renoue une relation essentielle et organique à la musique, et qui nous raconte le monde en le rendant peut-être meilleur.

Mathias Lévy - Viloniste compositeur

Mathias Lévy

Violoniste, compositeur

Premier prix de violon, de musique de chambre et de solfège au Conservatoire du Raincy à 17ans, il se perfectionne en jazz d’abord à l’IACP et ensuite au CMDL où Didier Lockwood, l’éveille à certains aspects techniques propres au violon jazz et incite à ne pas se rester prisonnier de la culture du violon soliste.
C’est pour Mathias Lévy une ouverture magistrale et déterminante vers de nouveaux horizons, qui se traduisent par l’enregistrement d’un premier album autoproduit, jamais édité, avec l’accordéoniste Vincent Peirani et Samuel Strouk, « Ame et ouïe » (2007). Musicien polyvalent, Mathias Lévy a participé à de nombreux projets dans les styles les plus variés avec : Caravan quartet, Grégory Privat, The Do, De La Soul, Catherine Ringer, Zaz, Marc Lavoine, François Salques... Il a également joué et composé pour le théâtre (Alain Sachs, Michel Didim, Valère Novarina…) et pour le cinéma (L’Empire des loups de Chris Nahon, Liberté de Tony Gatlif…).
En 2011, il reçoit le Grand Prix Stéphane-Grappelli au festival de Calais qui vient marquer la fin de son assimilation du langage du jazz. Deux ans plus tard, il enregistre le disque « Playtime » (JMS) qui est l’occasion pour lui d’inviter l’organiste Emmanuel Bex.
Unanimement salué par la critique, son disque suivant sera un hommage contemporain et sans nostalgie à Stéphane Grappelli, « Revisting Grappelli », enregistré sur le violon même du musicien conservé au musée de la Musique à la Philharmonie de Paris qui lui a permis d’être reconnu par ses pairs et un large public. Tout en continuant à côtoyer la crème du jazz manouche, comme Biréli Lagrène ou Stochelo Rosenberg, Mathias Lévy n’a de cesse de promener son violon d’un univers à l’autre. Qu’on le retrouve auprès de la chanteuse tsigane Norig, dans un projet de tango contemporain avec l’accordéoniste Louise Jallu ou en train d’improviser librement aux côtés de l’écrivain Valère Novarina, il fait preuve d’une liberté d’inspiration et d’une virtuosité éclairée qui impressionnent. « Bartok Impressions » paru en 2018 (BMC), montre combien son violon peut prendre de visages, tant par son expressivité que par la variété des modes de jeu, et s’émanciper des canons de l’improvisation jazz.
« Unis Vers », son dernier opus sorti en aout 2019, ne porte pas à l’évidence, son titre au hasard. Mathias Lévy donne désormais à entendre sa propre musique, un répertoire de compositions personnelles où il développe une esthétique acoustique, mêlant influence classique, musique du monde et un jazz de chambre solaire et poétique.
Lou Tavano - Concert - Chant Song - Mathias Lévy © Julien Vaugelade

Lou Tavano

chant, chœurs

Lou Tavano est nommé e aux Victoires du Jazz 2020 dans la catégorie « Artiste Vocal ».
Lou Tavano commence le piano à cinq ans, le chant à dix ans et le théâtre à quinze. En 2005, elle fait la rencontre du pianiste Alexey Asantcheeff, véritable coup de foudre musical et humain. Elle entame avec lui une collaboration déterminante pour la suite de sa carrière.
En novembre 2012, elle sort un premier EP de reprises Meets Alexey Asantcheeff (auto-produit) avec lequel elle attire l’attention de Siggi Loch, fondateur du prestigieux label allemand ACT, qui la signe sur-le-champ.
Devenue ACT recording artist, Lou Tavano publie son premier album For You (ACT/PIAS) le 4 mars 2016. Ce disque comprend onze compositions originales et une reprise plébiscitée du titre Afro Blue. Ce premier disque est très largement salué par la critique française et européenne.
Elle tourne entre 2016 et 2019 son spectacle aux quatre coins de la France (notamment à Jazz à Vienne, Crest Jazz Vocal, Festival Django Reinhardt, Jazz à Ramatuelle, Jazz au Fil de l’Oise, La Cigale, le Café de la Danse, l’Olympia pour la soiré e TSF Jazz You&The Night&The Music...), de l’Allemagne (KonzertHaus Berlin, Sarrebrü ck, Bad Homburg...), du Maroc.
Elle a été l’invitée de prestigieux festivals internationaux à New York (Winter Jazz Festival, French Quarter Jazz Festival in NY), à Londres (London Jazz Festival), à Rome, à Lisbonne.
L’écriture de son second opus « Uncertain Weather » (L’UN L’UNE/L’Autre Distribution) commence en aoû t 2016 et pour cela Lou Tavano s’isole plusieurs mois dans les highlands d’Ecosse à l’invitation, en compagnie de son alter ego Alexey Asantcheeff. Ce disque est enregistré en décembre 2018 à Paris aux mythiques Studios Ferber et sort le 31 janvier 2020 sur le label L’UN L’UNE. Le label L’UN L’UNE a été créé en octobre 2018 par les deux jeunes artistes Lou Tavano & Alexey Asantcheeff pour se garantir une liberté totale dans l’écriture et la publication de leur musique.
Jean-Philippe Viret - Concert - Chant Song - Mathias Lévy © Julien Vaugelade

Jean-Philippe Viret

contrebasse, chœurs

sans a priori stylistique (Emmanuel Bex, Simon Goubert, Marc Ducret, Lee Konnitz, Bill Carrothers, Dave Liebmann, Kenny Wheeler, Didier Lockwood, Youn Sun Nah…). Membre de l’Orchestre de contrebasses depuis sa création en 1981, il rejoint de 1989 à 1997 le trio de Stéphane Grappelli.
Nommé une première fois en 2003, il remporte aux Victoires du Jazz 2011 et 2020, le prix du meilleur groupe avec le « Trio Viret » (E Ferlet / p, F Moreau/dms ).
Il dirige également le trio « 60% de matière grave » (Jean-Charles Richard / sax baryton, François Thuillier / Tuba) ainsi que le quatuor à cordes « Supplément d’âme » (Sébastien Surel / vl, David Gaillard / al, Éric-Maria Couturier / vlc ).
Avec dix albums à son actif en tant que leader, sa musique est reconnue comme étant à la fois exigeante et accessible.
Sébastien Giniaux - Concert - Chant Song - Mathias Lévy © Julien Vaugelade

Sébastien Giniaux

violoncelle, guitare, chœurs

Né en 1981, guitariste, violoncelliste, compositeur, arrangeur et peintre, Sébastien Giniaux est l’un des nouveaux noms incontournables de la scène jazz et musiques du monde en France. Il travaille actuellement avec différentes formations. À la tête de groupes comme Django53, le Balkan Project, il fait également partie du nouveau trio de Stochelo Rosenberg, et est l’un des solistes du Selmer 607. Longtemps compagnon de route de la chanteuse Norig, pour qui il a écrit et arrangé deux albums, il sort son premier album sous son nom en 2012, «Mélodie des Choses». Musicien éclectique et passionné, il poursuit des études de violoncelle, solfège et écriture de 6 à 18 ans au conservatoire. Il rencontre la guitare et les musiques traditionnelles à 18 ans, et apprend l’instrument en autodidacte, avec pour influence première la musique de Django Reinhardt, à laquelle s’ajouteront bientôt les musiques des balkans, le jazz et les musiques improvisées. Également peintre, il est exposé chez Frémeaux et associés et définit son travail comme «un passage d’un état imaginaire à l’état réel, puis passage du réel aux imaginaires multiples». On a pu l’entendre aux côtés de musiciens tels que Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg, Richard Galliano, Didier Lockwood, Taraf de Haïdouks, Anne Sila, Ionica Minune, Toumani Diabaté, Cyrille-Aimée, Adrien Moignard, Bab.X, Rona Hartner, Caravan Palace,...
Laurent Derache - Concert - Chant Song - Mathias Lévy © Julien Vaugelade

Laurent Derache

accordéon, chœurs

La passion de la musique lui sera transmise par son père mélomane. À la maison, en voiture, on écoute beaucoup de disques, de tout. Il ne lui restait plus qu’à trouver le moyen d’exprimer ses émotions, un prolongement de l’âme, l’instrument. Là encore, c’est papa qui oriente son choix vers celui qui le fascine depuis toujours, l’accordéon, il rêvait d’en jouer. Laurent fera ses armes avec valses musette, pièces virtuoses et autres morceaux de bravoure du poumon aux deux claviers. Puis c’est la rencontre avec le jazz. Coup de foudre. Viennent alors les envies d’émancipation, de liberté, et de nouveaux horizons plus vastes. Il rejoint la classe de jazz du Conservatoire de Reims, puis le Centre des Musiques Didier Lockwood. Curieux et assoiffé de connaissances, il étudie aussi l’harmonie classique au Conservatoire du Xème arrondissement de Paris. Tel est le background qui permet aujourd’hui à Laurent Derache d’être un musicien complet. 2005 signe le début de sa carrière professionnelle. Il s’installe à Paris. Multiplier les collaborations artistiques, avec le sentiment profond qu’il se nourrit de chacune d’entre elles, devient un leitmotiv. Jazz, blues, musique classique, musiques du monde, chanson, il est à l’aise dans tous ces styles, qui pour lui n’ont pas de frontières. Parcourir le monde son accordéon sur le dos, puis le poser sur ses genoux pour s’exprimer en concert, au théâtre, ou en studio, est une raison de vivre pour le musicien, toujours en quête d’aventures nouvelles.